Les actions de préférence représentent un instrument financier souvent méconnu des entrepreneurs et investisseurs. Pourtant, elles peuvent s’avérer être un outil précieux pour les sociétaires d’une société par actions simplifiée (SAS) lorsqu’il s’agit de lever des fonds ou d’aménager les droits des actionnaires. Dans cet article, nous vous proposons de découvrir en détail ce que sont les actions de préférence en SAS, leurs caractéristiques, avantages et limites.
Qu’est-ce qu’une action de préférence en SAS ?
En droit français, une action de préférence est une action qui confère à son détenteur des droits particuliers, différents de ceux attribués aux actionnaires ordinaires. Ces droits peuvent être relatifs à la répartition des bénéfices, au remboursement du capital en cas de liquidation ou encore au droit de vote en assemblée générale. Les actions de préférence peuvent être émises par une SAS lors de sa constitution ou ultérieurement, notamment lors d’opérations financières telles que des augmentations ou réductions de capital.
Dans une SAS, les statuts doivent prévoir l’émission d’actions de préférence et leurs caractéristiques spécifiques. Il est également possible de créer plusieurs catégories d’actions de préférence ayant des droits différents les unes des autres.
Les avantages des actions de préférence pour les entrepreneurs et investisseurs
L’émission d’actions de préférence présente plusieurs avantages pour les entrepreneurs et investisseurs. Tout d’abord, elle permet de lever des fonds auprès de nouveaux actionnaires sans pour autant diluer le pouvoir de décision des actionnaires existants. En effet, les actions de préférence peuvent être émises avec un droit de vote réduit ou même sans droit de vote.
Les actions de préférence constituent également un moyen d’attirer des investisseurs en leur offrant une rémunération privilégiée sous forme de dividendes fixes ou variables. Ces dividendes peuvent être cumulatifs, c’est-à-dire reportables d’une année sur l’autre en cas de non-paiement, ce qui garantit une rémunération minimale aux détenteurs d’actions de préférence.
Enfin, la création d’actions de préférence permet aux actionnaires fondateurs ou dirigeants d’une SAS de protéger leur patrimoine, en limitant leur responsabilité en cas de liquidation. Les détenteurs d’actions de préférence sont en effet remboursés en priorité par rapport aux actionnaires ordinaires lors du partage du produit net de la liquidation.
Les limites et inconvénients des actions de préférence
Même si les actions de préférence présentent des avantages indéniables pour les entrepreneurs et investisseurs, elles comportent également certaines limites et inconvénients. Parmi ces derniers figurent notamment :
- L’absence ou la limitation du droit de vote, qui peut être perçue comme un désavantage pour certains investisseurs soucieux de participer activement à la gouvernance de la société.
- La complexité juridique et comptable liée à la création et à la gestion des actions de préférence, notamment en ce qui concerne les droits spécifiques attachés à ces actions et leur valorisation.
- Le risque de conflit entre actionnaires, notamment en cas de divergence d’intérêts entre détenteurs d’actions ordinaires et détenteurs d’actions de préférence.
Il convient donc pour les sociétaires d’une SAS de bien peser les avantages et inconvénients des actions de préférence avant de se lancer dans leur émission. Cela nécessite une analyse approfondie des besoins financiers et stratégiques de la société, ainsi qu’une bonne connaissance du cadre juridique et fiscal applicable aux actions de préférence.
La réglementation encadrant les actions de préférence en SAS
L’émission d’actions de préférence par une SAS est soumise à plusieurs conditions et formalités. Les statuts doivent obligatoirement comporter des dispositions relatives aux actions de préférence, notamment en ce qui concerne :
- Leur nombre maximal autorisé
- Les droits accordés aux détenteurs d’actions de préférence (dividendes, liquidation, vote)
- Les modalités d’émission, de conversion ou de rachat des actions de préférence
D’autre part, l’émission d’actions de préférence doit être approuvée par les actionnaires lors d’une assemblée générale extraordinaire (AGE). Cette décision doit être prise à la majorité des deux tiers des voix des actionnaires présents ou représentés.
Enfin, une SAS est tenue de respecter les dispositions légales et réglementaires en matière de droit des sociétés et de droit boursier, telles que les obligations d’information et de publication relatives aux actions de préférence.
Dans cet article, nous avons abordé les principales caractéristiques, avantages et limites des actions de préférence en SAS. Il ressort que cet instrument financier peut constituer un levier intéressant pour les entrepreneurs et investisseurs souhaitant lever des fonds ou aménager les droits des actionnaires. Toutefois, il convient d’être vigilant quant aux risques et contraintes juridiques, fiscales et comptables liées à l’émission d’actions de préférence. Une étude approfondie des besoins financiers et stratégiques de la société ainsi qu’un accompagnement par un expert (avocat, expert-comptable) sont donc indispensables pour garantir le succès d’une telle opération.